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7 novembre 2010

Zhu Xiao-Mei : La Rivière Et Son Secret

riviere_et_son_secretZhu Xiao-Mei est une pianiste d'origine chinoise ayant obtenu la nationalité française il y a quelques années. Vivant à Paris, elle est connue pour son interprétation des oeuvres de Bach. Mais si elle est célèbre dans le milieu de la musique classique, peu de gens connaissent son incroyable histoire. Dans ce livre, Xiao-Mei raconte sa vie, en toute sobriété.

Mao est au pouvoir. Native de Shangaï, Xiao-Mei, et sa famille s'installent à Pekin, son père ayant trouvé du travail à l'université. Sa mère, professeur de musique, enseigne le piano à la jeune Xiao-Mei. Cette dernière devient vite douée et entre naturellement au conservatoire à l'âge de quatorze ans. Mais arrive un évènement marquant de la Chine maoïste qui  changera la vie de millions de gens: la révolution culturelle.

Pour Mao, les chinois lettrés et cultivés sont forcément bourgeois. La priorité étant donnée au prolétariat, les artistes, écrivains et professeurs doivent être envoyés dans des "camps de rééducation par le travail". Cette révolution qui n'a de "culturelle" que son nom est encadrée par les tristement célèbres gardes rouges, des étudiants portés par une foi communiste aveugle. La lecture autre que celle du petit livre rouge est interdite. La musique occidentale est jugée décadente. L'enfer commence pour Xiao-Mei et sa famille, que les gardes rouges estiment "de mauvaise origine". La pianiste et les siens sont envoyés dans différents camps.

Xiao-Mei vivra cinq années de déportation, où on ôtera en elle tout désir autre que celui de mourir pour Mao. Le lavage de cerveau fonctionnera, jusqu'à ce que le hasard fasse qu'elle trouve un accordéon. En effleurant les touches, des souvenirs remontent, ainsi que des émotions... Xiao-Mei veut rejouer de la musique. Lors des séances de lecture collective du petit livre rouge, elle recopie en cachette les partitions du Clavier Bien Tempéré. Elle parvient à ramener son piano au camp, et fait croire à ses geôliers que les morceaux de Bach qu'elle répète sont en fait de la musique chinoise officielle. Et puis c'est la libération. Xiao-Mei partira aux Etats-Unis pour étudier la musique, connaîtra les difficultés qui incombent à tout émigrants. Elle fera un mariage blanc pour éviter d'être renvoyée en Chine...

On est vite captivé par ce livre, troublé par l'histoire de cette femme exceptionnelle sauvée par la musique, sans sombrer dans le pathos. Car Xiao-Mei se contente simplement de raconter sa vie, en toute pudeur, qualité typiquement asiatique. Xiao-Mei l'écrit elle-même: elle n'est pas la personne qui a le plus souffert du régime maoïste, loin s'en faut. Mais si la musique prend une place importante dans cette histoire, ce livre est essentiel en tant que témoignage sur la dictature de Mao, sans jouer sur la victimisation. A lire, si possible  en écoutant sa remarquable interprétation des Variations Goldberg.

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